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CINQUANTIÈME SERMON . Il faut bien régler les affections de l'âme.

 

1. « Sortez, filles de Sion, et voyez votre Roi Salomon (Cant. III, 11). » Si l'auteur sacré ne dit point, venez voir l'Écclésiaste ou Idida, car Salomon portait aussi ces deux noms, c'est qu'il veut parler de Jésus-Christ, notre vrai Salomon, qui est Salomon, c'est-à-dire, le pacifique dans l’exil; l'Ecclésiaste, c'est-à-dire l'orateur, dans le jugement; Idida, c'est-à-dire, le chéri du Seigneur, dans le royaume ; mais qui partout est Roi. Dans l'exil il est la règle des moeurs ; an jugement, il discerne les mérites, et dans le royaume, il les récompense (a). Dans l'exil il est doux, au jugement il est juste, et dans son royaume il est glorieux. Il est aimable dans l'exil, terrible sur son tribunal, et admirable dans son royaume. « Sous le diadème dont sa mère lui a ceint le front.« Or, ce diadème est une couronne de miséricorde, et sous elle il est un objet d'imitation. Sa marâtre lui a ceint le front d'une couronne de misère, mais avec cette couronne-là il est méprisable : je veux parler de la Synagogue qui a été pour lui non une mère, mais une marâtre. Sa famille le couronnera d'une couronne de justice, et sous elle il sera terrible. Son Père le couronne aussi, mais d'une couronne de gloire, et avec elle il est digne d'envie. Que les pécheurs le contemplent donc avec sa couronne de misère, c'est-à-dire, avec sa couronne d'épines, et qu'ils en soient saisis de componction. Que les filles de Sion, les âmes affectueuses le regardent avec sa couronne de miséricorde et l'imitent. Les méchants le verront aussi portant la couronne de justice, et ils périront. Les saints le verront paré de la couronne de gloire, et ils en seront pour toujours dans la joie.

2. « Sortez, filles de Sion, » âmes délicates, allez du sens de la chair à l'intelligence de l'esprit, de la servitude de la concupiscence charnelle à la liberté de l'intelligence spirituelle; « et voyez le roi Salomon sous le diadème dont sa mère l'a couronné. » Ceux qui marchent sur ses traces sont aussi couronnés, mais c'est à dessein, et ils sont en cela aidés de la grâce. Il n'y a que lui qui soit couronné par sa mère, parce qu'il n'y a que lui qui soit sorti du sein maternel comme un époux de son lit nuptial, avec des affections bien réglées. Or, ces affections bien connues, sont au nombre de quatre, (b) ce sont l'amour et la joie, la crainte et la tristesse. Il n'y a point d'âme humaine sans ces quatre affections-là; mais chez les uns elles sont pour la honte, et chez les autres pour la gloire. En effet, sont-elles purifiées et bien ordonnées, elles sont la gloire de l'âme sous la couronne des vertus : sont-elles déréglées, elles sont sa confusion, son abaissement et son ignominie. Or, voici comment on les purifie ; c'est en aimant ce qu'on doit aimer, en aimant davantage ce qui doit être aimé davantage, et enfin en n'aimant pas ce qu'on ne doit point aimer. Voilà ce que c'est qu'un amour purifié. Et ainsi des autres affections. On les règle de cette manière ; on place la crainte la première, puis vient la joie, en troisième lieu la tristesse, et enfin l'amour. Et voici comment elles se composent. De la crainte et de la joie naît la prudence, la crainte est la cause, et la joie le fruit. La joie et la tristesse donnent

 

a Le commencement de ce sermon n'est guère que la reproduction du second sermon pour le jour de l'Epiphanie, n. 2.

b Au sujet de ces affections de l'âme, on peut relire les notes dont nous avons accompagné le II Sermon, pour le mercredi des cendres numéro 3. Ce passage se trouve rapporté dans les Fleura de saint Bernard, livre XI, chapitre VIII.

 

naissance à la tempérance, car celle-ci a pour cause la tristesse et pour fruit, la joie. De la tristesse et de l'amour naît la force, la tristesse est la cause, et l'amour, le fruit. Il manque quelque chose à la couronne pour être parfaite ; l'amour et la crainte vont produire la justice dont la cause est la crainte, et le fruit est l'amour.

3. Considérez donc comment ces affections de l'âme, bien réglées, sont des vertus, et comment déréglées elles ne sont que des perturbations. Si la tristesse vient après la crainte, elle engendre le désespoir; si la joie suit l'amour, c'est la dissolution; que la crainte soit donc suivie de la joie, car en même temps que la crainte met en garde pour l'avenir, la joie goûte le bonheur du présent et recueille le fruit d'une prudente précaution. Il faut donc que la joie éprouve la. crainte : la crainte ainsi éprouvée n'est autre chose que la prudence. La tristesse doit accompagner la joie, car celui qui n'a point perdu le souvenir des choses tristes, n'embrasse les joies qu'avec modération ; il faut donc que la tristesse tempère la joie. La joie tempérée n'est autre chose que la tempérance même. Que l'amour s'ajoute à la tristesse, car, quiconque sous l'empire de l'amour désire ce qu'il doit aimer, a plus de force pour supporter les choses tristes. Il est donc nécessaire que l'amour fortifie la tristesse. Or, la tristesse fortifiée par l'amour n'est autre chose que la force. Joignez l'amour à la crainte, et celui qui tient compte de ce qu’il doit craindre s'attache d'autant plus fortement aux choses qu'il est dans l'ordre qu'il aime. Il faut donc que l'amour règle la crainte. Or, la crainte réglée par l'amour n'est autre chose que la justice. Il y a deux affections de l'âme, la joie et la tristesse qui sont ad intra; en effet, c'est en nous que nous nous réjouissons, et en nous que nous sentons la tristesse. L'amour et la Crainte au contraire sont ad extra. En effet, la crainte est une affection naturelle de l'âme qui nous unit par la partie inférieure à la partie supérieure, elle tend à Dieu seul. Quant à l'amour, c'est une affection de l'âme qui nous unit en même temps à la partie supérieure, à la à la partie égale : il se rapporte à Dieu et au prochain. Or, c’est dans ces deux points que consiste la parfaite justice, c’est dans la crainte de Dieu à cause de sa puissance, dans l'amour à cause de sa bonté, dans l'amour du prochain à cause de l'identité de sa nature et de la nôtre.

 

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON, POUR LE L ème DES SERMONS DIVERS.

 

282. Il ne dit point l'Ecclesiaste ou Idida. Salomon a été appelé par le prophète inspiré de Dieu, Nathan l'Aimable au Seigneur, en hébreu Fedideja, dont on a fait Idida. Il avait donc deux noms, bien que l'Écriture ne lui donne que ce dernier (II Reg. XII, 25). On peut même dire qu'il en eu trois, si on compte celui d'Ecclésiaste. (Note de Horstius).

 

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