|
|
CINQUANTE-QUATRIÈME SERMON . De l'apparition du Christ.
Le Fils de Dieu nous est apparu pour nous aider et pour nous instruire; ce qu'il peut bien faire, car il est la vertu du Père et sa sagesse. En tant que vertu du Père il assiste; en tant que sagesse il instruit et forme. La faiblesse a besoin d'être assistée, et les aveugles ont besoin de science et de doctrine. Aussi, la sagesse du Père nous a-t-elle instruits quand elle nous a fait renoncer à l'impiété et aux passions mondaines, pour que nous vivions dans le siècle présent avec tempérance avec justice et avec piété (Tit. II, 12). Notre impiété c'était notre manque de foi, car nous ne croyions point Dieu, et nous ne l'honorions point. Car, s'il y a piété à honorer Dieu, il y a impiété à le renier. Quant aux désirs mondains, c'est la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux et l'orgueil de la vie, qui nous portent et nous inclinent à l'amour du siècle. Quand il y a renonce; l' homme vit avec tempérance, car il met un frein à la concupiscence de la chair, à celle des yeux et l'orgueil de la vie. Quand on commence à être sobre on oppose deux sortes de sobriétés à une double ivresse. L'ivresse extérieure consiste dans l'effusion des voluptés, et l'intérieure dans l'occupation des curiosités. Par contre, la sobriété extérieure consiste à refréner les voluptés, à l'extérieur, à repousser les curiosités. Voilà comment l'homme vit avec sobriété quant à ce qui le regarde, et avec justice par rapport au prochain à qui il rend ce qui est juste. La justice consiste en deux choses, dans l'innocence et dans la bienfaisance. L'innocence en est la base et la bienfaisance le couronnement. Avec piété envers Dieu, ai-je dit: or, la piété aussi consiste en deux choses, à ne pas présumer de nous, et à mettre toute notre confiance en Dieu, pour triompher, par son secours, de tous les obstacles du monde. Il ne faut point cesser de se confier en Dieu, il faut au' contraire agir en lui avec confiance et sécurité. Tel qu'un charitable et louable médecin, il a bu le premier la potion qu'il préparait à ses malades, je veux parler de la passion et de la mort qu'il a endurées. C'est par ce moyen qu'il a recouvré la santé de l'immortalité et de l'impassibilité, et appris aux siens à boire avec confiance la potion qui produit la santé et la vie. Enfin celui qui après sa passion est entré dans la vie éternelle nous donne lieu d'espérer en toute sécurité, que nous obtiendrons la même chose de lui.
|