SERMON CIII
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CENT-TROISIÈME SERMON. Il y a quatre degrés qui marquent les progrès des élus.

 

1. Les progrès que font les élus comptent quatre degrés. Et d'abord chacun devient ami de sa propre âme; en second lieu, ami de la justice; en troisième lieu de la sagesse et enfin devient sage. Au premier degré de ses progrès, l'homme évite tout ce qui pourrait blesser son âme, et aime tout ce qui peut lui être doux. Il a donc horreur de l'enfer et soupire après le ciel; voilà comment il peut accomplir ce commandement de Dieu qu'il a reçu dans sa première conversion : « Tu aimeras le prochain comme toi-même (Matt. XXII, 36). » Car tant qu'il vit selon la chair, il ne peut l'accomplir; cela ne lui devient facile que quand il est conduit par l'esprit de Dieu. En effet, quel avantage l'homme a-t-il si son prochain brûle en enfer ? Et que perd-il s'il est avec lui dans le paradis? car l'héritage du ciel n'est pas tel qu'il puisse être diminué par le nombre de ceux qui le possèdent. Il aime donc son prochain qu'il ne veut point voir souffrir pas plus qu'il ne voudrait souffrir lui-même, et qu'il veut voir entrer dans la possession du ciel comme lui. Mais quand est-ce que l'homme pourrait en arriver là par son propre esprit, c'est-à-dire par l'esprit de l'homme, en venir à. redouter l'enfer et à soupirer après le ciel ? Mais il le peut par la vertu de l'esprit de celui à qui il a été dit : « Si je monte au ciel, vous y êtes, etc. (Psal. CXXXVIII, 7). » Car l'esprit de sagesse, présent partout, connaît ce qui se fait au ciel et ce qui se passe dans l'enfer. Aussi quand il remplit l'esprit de l'homme et y répand l'amour des choses du ciel, de même qu'il y fait naître la crainte des peines de l'enfer, il fait que l'homme s'aime lui-même, et il lui dit : « Ayez pitié de votre âme en vous rendant agréable à Dieu (Eccli. XXX, 24). » Il faut donc commencer par s'aimer soi-même, puis aimer le prochain ; car il n'a pas été dit : tu t'aimeras comme tu aimes ton prochain, mais «tu aimeras le prochain comme toi-même. » C'est de cette manière que l'homme devient ami de son âme par le Saint- Esprit qu'il a reçu avec la foi.

2. Après avoir reçu ce don, il ne doit pas s'en contenter, mais s'avancer vers des dons plus grands encore et faire des progrès en mieux. Il vit déjà par le Saint-Esprit. Or, « si nous vivons par l'Esprit, dit l'Apôtre, conduisons-nous aussi par le même Esprit (Gal., V, 25), » et ailleurs: «Pour nous, débarrassés des voiles qui nous couvrent le visage, et contemplant la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, et nous avançons de clarté en clarté par l'illumination de l'Esprit du Seigneur (II Cor., III, 18). » C'est ce que semble avoir senti le Psalmiste au sujet des saints, quand il dit : « Le législateur donnera sa bénédiction aux saints, et ils s'avanceront de vertu en vertu, et enfin ils verront le Dieu des dieux dans la céleste Sion (Psal. LXXXIII, 7). » Qu'il avance donc aussi, celui dont nous parlons, qu'il marche et continue jusqu'à ce qu'il arrive au quatrième degré. Là, n'en doutons point, devenu sage, il verra le Dieu des dieux dans la céleste Sion. Or, de ce que j'ai dit, il suit que celui qui aime bien son âme doit aussi aimer la justice, car s'il aime l'iniquité, on ne peut pas dire qu'il aime son âme, il la hait (Psal., X, 6).

3. En aimant la justice, l'homme passe au second degré, et il entend ce précepte de la Sagesse : « Aimez la justice, vous qui jugez la terre (Sap. I, 1). » Or, s'il aime la justice parfaitement, il doit pour elle supporter patiemment toute sorte de peines et tous les mépris dont il peut être couvert. En effet, la justice lui donnera surtout deux choses: l'une de faire ce qu'il doit, l'autre de souffrir ce qu'il doit. En d'autres termes, de souffrir le mal qu'il a mérité, s'il n'a pas fait le bien qu'il devait. Voilà comment il arrive d'une manière qui surprend que, sans abandonner la justice nous sommes abandonnés par elle, puisque toute prévarication est punie par elle. Il n'y a personne qui puisse se dérober aux atteintes de la chaleur. Or, non-seulement un homme juste n'a point cette peine en horreur, mais même il la reçoit volontiers, parce qu'il croit avec la foi que c'est par elle que les fautes de sa vie passée sont purifiées. Delà vient en effet qu'il est écrit : « Le juste ne s'attristera point de quelque chose qui lui arrive (Prov., XII, 21). » Aussi, aux différentes voluptés qui l'ont fait tomber, il oppose les remèdes contraires qui le relèvent; par exemple, s'il est tombé par désobéissance, il revient à la vie par le travail et l'obéissance; s'il est tombé dans la débauche et la dissolution, il se remet de ses chutes par le goût de la continence et par la rigueur de la discipline. Il tire son châtiment des éléments mêmes du monde dont il n'avait fait usage que pour incliner à la volupté. Lorsque ces tourments ont duré longtemps, qu'il est éprouvé comme l'or dans la fournaise, tant que le trouvera bon celui qui nous nourrit du pain des larmes et nous donne à boire l'eau de nos pleurs avec abondance (Psal. LXXIX, 6), alors enfin il commence à se consoler, et il entend Isaïe lui dire : « Consolez-vous, consolez-vous, mon peuple, dit le Seigneur. Parlez au coeur de Jérusalem et assurez-lui que ses maux, c'est-à-dire son affliction, sont finis, que ses iniquités lui sont pardonnées, et qu'elle a reçu de la main du Seigneur une double grâce, pour l'expiation de tous ses péchés (Isaï. XL, 1 et 2). » Une fois qu'il a reçu de la consolation, il est inquiet et cherche comment il pourra plaire à celui à qui il s'est donné (II Tim. II, 4), et dans tout le bien qu'il fait il ne se propose qu'une seule chose : plaire à son Créateur.

4. Puis, il passe au troisième degré d'avancement, c'est-à-dire il devient amide la sagesse qui lui parle avec une affection toute maternelle, et lui dit : «Mon fils, donnez-moi votre coeur (Prov., XXIII, 26). » Une fois arrivé à ce degré, il ne lui reste pas autre chose à faire qu'à passer au quatrième où on dit que se tient le sage. C'est ce qui a lieu quand il agit, non plus seulement pour plaire à Dieu, ce qui est le propre du troisième degré, mais parce que Dieu lui plaît, ou que ce qu'il fait plaît à Dieu. Quiconque en est arrivé là, peut chanter en toute confiance et sécurité ce cantique du sage : « En tout j'ai cherché le repos, etc. (Eccl. XXIV,11). » En effet, c'est avoir trouvé le repos en tout quand Dieu plait à celui qui n'a point appris à plier la volonté de Dieu à la sienne, mais la sienne à celle de Dieu. « Il s'arrêtera dans l'héritage du Seigneur, » ainsi que la promesse qui en est faite de la bouche même du Seigneur, quand il dit : « Je te donnerai la terre où tu dors (Gen. XXVIII, 13), » c'est-à-dire ce repos où tu es arrivé par ton travail et tes peines, je le rendrai pour toi stable et perpétuel. S'il ajoute : « et à ta race, » on peut le comprendre en ce sens que non-seulement cette tranquillité est assurée en cette vie et en l'autre à ton esprit, ô homme, mais encore la glorification de ta chair, à ta race, c'est-à-dire à tes oeuvres.

 

 

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