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SOIXANTE-SEPTIEME SERMON. La loi comprend deux sortes de préceptes, les préceptes moraux et les figuratifs.
1. « La loi a été donnée par Moïse, c'est par Jésus-Christ que la grâce et la vérité nous ont été apportées. (Jean. I, 17 ). » Or, je trouve deux sorte de préceptes dans la loi ancienne. Il y en a de moraux, tels que ceux-ci : « Vous ne céderez point à la concupiscence; vous ne commettrez point d'adultère; honorez votre Père (Matt. XIX, 18, Rom. I, 9, Exod. XX, 13), » et autres semblables. Il y en a de figuratifs qui ne sont que des ombres ou des figures, telle est l'immolation des taureaux et le sang des boucs. Quoiqu'il en soit, un peuple charnel ne pouvait ni les accomplir ni trouver en eux son salut. Quand le Sauveur du monde reprochait aux Pharisiens, dans son Évangile, de rendre inutiles les préceptes et les commandements de Dieu par leurs traditions, il parlait évidemment des préceptes qui devaient régler leurs moeurs. Lorsqu'il parle des autres par son Prophète, il dit: « Je leur ai donné des préceptes qui ne sont pas bons (Ezech. XX, 25), » évidemment ces préceptes ne sont autres que ceux qui étaient la figure de choses futures. En effet, quel rapport y a-t-il entre le péché d'un homme et l'immolation d'un bélier en expiation de ce péché; cette victime du péché n'aurait-elle pas pu s'écrier avec le Prophète : «J'ai payé ce que je n'ai point pris (Psal. LXVIII, 7) ? » On ne peut disconvenir que si ces préceptes n'étaient pas bons , c'est parce que le peuple auquel ils étaient donnés n'était pas bon lui-même, s'il faut s'en rapporter à ce mot du Prophète : « Vous serez saint, Seigneur, avec celui qui est saint, et innocent avec l'homme qui est innocent (Psal. XVII, 26). » Il savait, en effet, que le coeur des Juifs était un coeur charnel, voilà pourquoi il leur donna des sacrements charnels incapables de rendre parfait dans sa conscience celui qui le servait dans la justice de la chair. Notre Seigneur Jésus-Christ vint donc plein de grâce et de vérité, afin que désormais les préceptes moraux fussent observés par la vertu de la grâce, et que les préceptes figuratifs et mystiques, une fois la vérité qu'ils recouvraient dévoilée, cessassent d'être suivis à la lettre et fussent compris dans un sens spirituel. Voilà pourquoi quand un homme pèche, ce n'est plus un taureau ou un bélier qu'il doit immoler, mais c'est l'hostie vivante de son propre corps, un vrai sacrifice raisonnable et acceptable qu'il doit offrir dans les jeûnes et les pénitences pour obtenir en même temps la grâce et son pardon.
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