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SOIXANTE-TROISIÈME SERMON. Des trois moyens de recouvrer la béatitude prescrits par Jésus-Christ dans ces termes : Que celui qui veut venir après moi, etc.
Que celui qui le veut a vienne après moi, par moi et à moi; après moi parce que je suis la vérité, par moi parce que je suis la voie, à moi parce que je suis la vie. « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il porte sa croix et me suive (Luc.IX, 23). » Il y a trois choses que le Christ, la Vertu, la Sagesse de Dieu, l'Ange du grand Conseil, propose à l'âme raisonnable créée à l'image de la Sainte Trinité, ce sont la servitude, l'abaissement et l'aspérité. La servitude est désignée par le renoncement à soi, l'abaissement, par le portement de la croix, et l'aspérité, par l'imitation du Christ; c'est ainsi que l'homme qui, par sa désobéissance, était tombé de l'état de sa triple félicité, se trouvant humilié par l'affliction de sa triple misère, se relèvera par son obéissance. Il était déchu de lui-même de la société des anges et de la vision de Dieu, c'est-à-dire de la liberté, de la dignité et de la félicité. Qu'il écoute donc un conseil, et, en se renonçant lui-même, c'est-à-dire en renonçant à sa volonté propre, il récupèrera sa liberté; en prenant sa croix, c'est-à-dire en crucifiant sa chair avec Ses vices et ses concupiscences, il retrouvera, par le bien de la continence, la société des anges; en suivant le Christ, c'est-à-dire en imitant sa passion, il recouvrera la vision de sa splendeur, attendu que si nous souffrons avec lui nous régnerons aussi avec lui (Rom. VIII, 7).
a Les Fleurs, de saint Bernard, reproduisent tout ce passage au livre VIII, chapitre XXXI.
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