SERMON LXXXIII
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QUATRE-VINGT-TROISIÈME SERMON.

 

« Avez-vous trouvé du miel? N'en mangez pas trop, de peur qu'en ayant pris avec excès vous ne le rejetiez (Prov. XXV, 16). » Il ne semble pas que ce soit s'éloigner du sens que d'entendre en cet endrôit le mot miel dans le sens de la faveur des louanges humaines. Aussi est-ce avec raison qu'il nous est défendu non pas d'y goûter, mais d'en manger avec excès. Il y a des cas, en effet, où on reçoit avec avantage les louanges des hommes, c'est quand on le fait en vue de la charité fraternelle, pour le salut du prochain qui nous écoute d'autant plus volontiers qu'il nous entend louer. Si donc on s'en tient à cet usage modéré, il n'y a aucun inconvénient à manger de ce miel; mais si on dépasse cette mesure, c'est mal, et il ne peut faire que du mal. Or, c'est manger immodérament du miel qu'on a trouvé, que d'en manger au gré de son coeur, et de se laisser enfler par la faveur de la louange humaine, de s'en engraisser et d'en faire ses délices. Voilà ce dont le saint Prophète demande au Seigneur de le préserver, quand il appelle la faveur dont je viens de parler, non point du miel, mais de l'huile, et qu'il dit en termes équivalents : « Que l'huile du pécheur n'engraisse pas ma tête (Psal. CXL, 5). » Voulez-vous savoir quand on rejette le miel qu'on a pris avec excès, qu'on a mangé à satiété et au delà des bornes de la discrétion ? Certainement c'est quand on a bu les louanges dont on s'est rassasié sans chercher d'autre fruit que la satisfaction qu'on trouvait aux louanges des hommes. Oui, on rejette avec bien des souffrances le miel qu'on a mangé avec une pernicieuse satisfaction, quand on sèche de jalousie en entendant louer les autres. En effet, l'esprit adonné à la vanité, et gonflé d'orgueil, regarde comme autant de blâmes pour lui-même toutes les louanges qu'il entend décerner aux autres.

 

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