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CENT-SEPTIÈME SERMON. Sentiments qu'il faut avoir dans la prière.

 

1. Il doit en être du pécheur par rapport à son Créateur, comme du malade par rapport à son médecin, et tout pécheur doit prier Dieu comme un malade prie son médecin. Mais la prière du pécheur rencontre deux obstacles, l'excès ou l'absence de lumière. Celui qui ne voit ni ne confesse point ses péchés est privé de toute lumière; au contraire celui qui les voit, mais si grands qu'il désespère du pardon, est offusqué par un excès de lumière : ni l'un ni l'autre ne prient. Que faire donc ? Il faut tempérer la lumière, afin que le pécheur voie ses péchés, les confesse, et prie pour eux afin d'en obtenir la rémission. Il faut donc d'abord qu'il prie avec un sentiment de confusion, c'est ce qui a lieu quand le pécheur n'ose point encore s'approcher lui-même de Dieu et cherche quelque homme saint, quelque saint pauvre d'esprit qui soit comme la frange du manteau du Seigneur, et par qui il puisse s'approcher de lui. Nous avons un exemple de cette sorte de prière, dans cette femme de l'Évangile qui souffrait d'un flux de sang: dans son désir d'être guérie, elle s'approche et se disait en elle-même : « Si je touche la frange de son vêtement, je serai sauvée (Matt. IX, 23). » La seconde sorte de prière est celle qui se fait avec une affection pure; c'est ce qui a lieu quand le pécheur s'approche lui-même enfin, et confesse ses péchés de sa propre bouche. La pécheresse qui lavait de ses larmes les pieds du Seigneur, et les essuyait des cheveux de sa tête, et dont le Sauveur a dit « beaucoup de péchés lui sont remis parce que elle a beaucoup aimé (Luc. VII, 47), » nous a laissé un exemple de cette prière. La troisième se fait avec une ample effusion de sentiments; c'est quand celui qui avait commencé par prier pour lui-même, prie enfin pour les autres. Voilà comment les apôtres ont prié pour la Chananéenne qui priait elle-même pour sa fille. « Seigneur, disaient-ils, accordez-lui ce qu'elle demande, afin qu'elle s'en aille, car elle crie après nous (Matt. XV, 23). » La quatrième sorte de prière est celle qui part d'un coeur pur sans hésitation, avec action de grâces, et dans un sentiment plein de dévotion. Telle fut la prière que fit le Seigneur quand il ressuscita Lazare depuis quatre jours au tombeau : il dit en effet : « Je vous rends grâce mon Père de ce que vous m'avez écouté (Joan. XI, 41). » Telles sont aussi les prières que l'Apôtre veut que nous fassions fréquemment quand il dit: «Priez sans cesse, et rendez grâce en toute chose (I Thess. V, 17). » C'est de ces quatre sortes de prières, je veux dire de la prière humble, et de la pure, de la prière ample et de la dévote qu'il nous parle quand il nous excite en ces termes à prier : « Je vous conjure, avant tout, de faire des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces (I Tim. II, 1). » En effet, les supplications se font dans un sentiment d'humilité, les prières dans un sentiment de pureté, les demandes se font dans un sentiment d'effusion, et les actions de grâces dans un sentiment de dévotion.

2. Je vous ai parlé des différents genres d'affections et de prières, il faut que je vous parle aussi de la pureté de la prière. Et d'abord, il me semble qu'il y a trois choses nécessaires pour donner à la prière une direction ferme. En effet, celui qui prie doit considérer ce qu'il demande dans la prière, quel est celui qu'il prie et quel il est, lui qui prie. Or, dans l'objet de sa prière il a deux choses à observer, en premier lieu, de ne demander rien qui ne soit selon Dieu, et en second lieu, désirer avec la plus grande ardeur de sentiment ce qu'il demande. Prenons un exemple: demander la mort d'un ennemi, le mal ou la ruine du prochain, ce n'est point faire une prière qui soit selon Dieu, puisque lui-même vous fait cette recommandation: «Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous calomnient (Luc. VI, 27). » Mais si nous demandons la rémission de nos péchés, la grâce du Saint-Esprit, la vertu et la sagesse, la foi et la vérité, la justice et l'humilité, la patience, la douceur et tous les autres dons spirituels, si, dis-je, c'est là ce que nous avons en pensée et l'objet de nos plus ardents désirs, notre prière est bien selon Dieu, et mérite pardessus tout d'être exaucée. Voilà certainement la prière dont Dieu parle quand il dit par la bouche d'Isaïe : « Avant qu'ils crient je les exaucerai; et lorsqu'ils parleront encore j'exaucerai leurs prières (Isa. LXV, 24). » Il y a d'autres choses encore qui, lorsqu'elles nous font défaut, nous sont accordées de Dieu et peuvent être ou n'être point selon Dieu, d'après la fin à laquelle nous les rapportons. Telle est la santé du corps, l'argent, et l'abondance des autres choses semblables. Toutes ces choses-là viennent bien de Dieu, néanmoins, il n'en faut pas faire trop de cas ni les posséder avec trop d'attachement. De même, il y a deux choses aussi à considérer dans celui que nous prions, sa bonté et sa majesté : sa bonté par laquelle il veut gratuitement, et sa majesté par laquelle il peut sans peine donner ce qu'on lui demande. Quant à celui qui prie, il a aussi deux choses à considérer par rapport à lui, c'est qu'il ne mérite point d'être exaucé par lui-même, et qu'il n'a d'espoir d'obtenir ce qu'il demande que de la miséricorde de Dieu. C'est enfin avoir un coeur pur que d'avoir présentes à l'esprit les trois choses dont je viens de parler et de la manière que je l'ai dit. Mais celui qui prie avec cette pureté et cette intention du coeur est sûr d'être exaucé, car, selon ce que dit saint Pierre : « Dieu ne fait acception de personne, mais en toute nation, celui qui le craint et dont les oeuvres sont justes, lui est agréable (Act. X, 34). »

 

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