SERMON XCII
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QUATRE-VINGT-DOUZIÈME SERMON. Triple introduction dans le jardin, dans le cellier et dans la chambre.

 

1. « Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, mon épouse (Cant. V, 1. » Ailleurs il est dit : « Le roi m'a fait entrer dans son cellier (Cant. 1, 3), » et dans une autre endroit on lit : « Dans sa chambre à coucher (Cant. III, 4). » Cette triple introduction de l'âme raisonnable se fait par son Époux, le Verbe de Dieu, au triple sens de la sainte Écriture, je veux dire au sens historique, au sens moral et au sens mystique. Elle est introduite dans le jardin, c'est le sens historique; dans  le cellier, c'est le sens moral; dans la chambre à coucher, c'est le sens mystique. Dans le jardin, c'est-à-dire dans l'histoire, se trouve contenue une triple opération de la Trinité; la création   du ciel et de la terre, la rénovation du ciel et de la terre, la confirmation du ciel et de la terre. Le Père les a créés, le Fils les a réconciliés, le Saint-Esprit les a confirmés; mais autre ;est le temps de la création, autre celui de la réconciliation, autre enfin celui de la confirmation; de même que dans un jardin, autre est le temps de la plantation, autre celui de la récolte des fruits, autre celui de la manducation de ces fruits. La création et la réconciliation appartiennent au siècle présent, la confirmation appartient au siècle futur. Au commencement des temps, le Père a créé ; dans la plénitude des temps, le Fils a réconcilié, et, après tous les temps, le Saint-Esprit confirmera. Le Fils a dit, en parlant de son père : « Mon Père opère toujours (Joan. V, 17). » et il a ajouté, en parlant de lui-même : « et moi aussi j'opère toujours (Ibid). » De même le Saint-Esprit, à la fin des siècles, pourra dire avec vérité . Le Père et le Fils ont opéré jusqu'à présent, désormais moi aussi j'opère.; alors surtout qu'il aura fait nos corps spirituels, que notre corps se sera attaché à notre esprit, et notre esprit à Dieu, et que le Saint-Esprit confirmera ce même corps, en sorte que désormais on verra s'accomplir, sans aucun intervalle de temps, ce que dit l'Ecriture « Celui qui est uni à Dieu ne fait plus qu'un seul esprit avec lui (I Cor, VI, 97). » L'ancien Testament nous instruit de la création et nous promet la réconciliation; le Nouveau nous montre la réconciliation, et nous promet la confirmation.

2. (a) La seconde introduction est l’introduction dans le cellier. Ce cellier contient la science morale et comprend trois caveaux distincts Dans le premier, se trouvent les aromates, :dans le second les fruits et dans le troisième le vin. Dans le premier se placent ceux qui sont en de bons termes avec leurs supérieurs; dans le second, ceux qui sont -bien avec leurs égaux, et dans le troisième ceux qui le sont avec leurs inférieurs. Le premier caveau est celui de la discipline, ale second celui de la nature, et le troisième celui de la grâce. En effet, quiconque s'efforce d'atteindre le terme de la vie parfaite, se fait d'abord disciple et il entre dans le caveau de la discipline, où, sous la direction d'un maître, il compose ses moeurs de diverses vertus, comme les parfumeurs composent des parfums de diverses espèces d'aromates. Aussi, ce caveau est-il appelé celui des aromates, parce que tous ceux qui embrassent d'eux-mêmes le travail de la discipline, répandent pour les autres, par leur exemple, la délicieuse odeur de l'imitation. De ce caveau, on passe directement dans le second, qui est le caveau de la nature, parce que ceux qui ont appris à rompre leur volonté sous un maître peuvent aisément vivre en bonne intelligence avec leurs condisciples. C'est dans ce caveau qu'on vit en

 

a Dans plusieurs éditions, ce second point commence un second sermon, mais c'est à tort.

 

commun avec les autres, aussi est-il bien appelé le caveau de la nature, attendu que si la nature a fait tous les hommes égaux, elle en a placé quelques-uns au dessus des autres, ou à la tête des autres, à cause de leurs vertus. On appelle aussi ce caveau le caveau des fruits, parce qu'il est très-utile que chacun communique aux autres la grâce qu'il a reçue ; voilà pourquoi il est écrit : « Le frère qui est aidé par son frère est comme une ville forte (Prov. XVIII, 16). » C'est aussi ce qui a fait dire au Prophète : « Comme il est doux et agréable à des frères de vivre unis ensemble! » Mais lorsqu'on est bien consommé dans ce caveau de la nature, alors on peut aller dans le caveau qui est celui de la grâce, en sorte qu'après avoir vécu saintement et sans discussion avec les autres, on se trouve placé à leur tête pour les façonner. Or, ce troisième caveau est le caveau au vin, parce que ceux qui sont placés à la tète des autres pour les diriger doivent bouillir de charité. On l'appelle aussi le caveau de i la grâce; ce nom peut déjà également convenir aux deux premiers caveaux, attendu que la discipline et la vie commune sont également un don de la grâce. Mais le troisième mérite plus particulièrement ce nom, parce qu'il est bien facile d'être soumis à ses supérieurs, ou de vivre en communauté, tandis qu'il est bien rare et très-difficile de passer de ces deux états, d'une manière utile, au gouvernement des autres.

3. C'est dans ces trois caveaux que sont contenues et formées les moeurs de tous les hommes. En effet, tous les hommes sont ou des prélats ou des égaux ou des inférieurs. Or, de même qu'on cueille au jardin ce qu'il y a de meilleur pour le déposer dans les celliers où il y a encore une place particulière pour chaque chose, ainsi, dans l'histoire, on recueille le sens moral pour le déposer, si je puis le dire, dans le cellier, d'où on tire ensuite tout ce qui peut servir à la vie de l'homme. En effet, les prélats y lisent quels ils doivent être envers leurs inférieurs, quand ils ont ces mots sous les yeux : « Ne dominant pas sur l'héritage du Seigneur, mais vous rendant les modèles du troupeau (Petr. V, 3), » et ceux-ci encore « ce n'est pas nous qui dominons sur votre foi, mais nous sommes les aides de votre joie (II Cor. I, 23), » puis celles du Seigneur dans l'Évangile : «Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Joan. X, 11). » Les égaux trouvent également dans les saintes Écritures, la manière dont ils doivent se conduire les uns envers les autres, car ils y lisent ces paroles : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Jésus-Christ (Gal. VI, 2), » et ces autres, « prévenez-vous les uns les autres par des témoignages d'honneur (Rom. XII, 10), » et beaucoup d'autres recommandations semblables. Les inférieurs y trouvent aussi de quoi régler leurs moeurs, et la manière dont ils doivent se soumettre à leurs supérieurs, quand ils y lisent ces paroles : « Obéissez à ceux qui vous conduisent et soyez-leur soumis, car ils veillent sur vous comme devant rendre compte de vos âmes (Hebr. XIII, 17) (a). »

 

a Pour ce qui est de l'introduction de l'âme dans la chambre à coucher, on peut voir le sermon vingt-troisième sur le Cantique des cantiques n.11.

 

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