|
|
CINQUANTE-SEPTIÈME SERMON . Les sept sceaux rompus par le Christ.
1. « Voici le Lion de la tribu de Juda, le rejeton de David qui a obtenu par sa victoire le pouvoir d'ouvrir le livre, et d'en rompre les sept sceaux (Apoc. V, 5). » Ces sept sceaux ce sont sa naissance temporelle, sa circoncision légale, la purification de sa mère, sa fuite en Égypte, les besoins du corps, son baptême et sa passion. En effet, ce sont là autant de cachets de l'humanité dont la sagesse de Dieu incarnée a voulu être tenue et scellée. Elle est la seconde personne de la Trinité, et, bien que le Père, le Fils et le Saint-Esprit aient également contribué à l'incarnation, ce n'est toutefois ni le Père, ni le Saint-Esprit qui se sont incarnés, mais uniquement le Fils. Il est vrai que le Père et le Saint-Esprit, étant inséparables du Fils, remplissaient sa chair, mais ils ne l'emplissaient que par la présence de leur majesté, non point par la réception de leur personne. Voilà pourquoi, en même temps que le Fils fait éclater, dans sa chair, la puissance du Père par ses oeuvres, et la bonté du Saint-Esprit par la rémission des péchés, il cèle sous les sceaux dont j'ai parlé plus haut, ce qui le touche, ou plutôt ce qui est tout lui-même, je veux dire la Sagesse de Dieu. Il s'est produit ainsi une chose merveilleuse et surprenante, la force suprême s'est faite faible, et, s'il m'est permis de parler ainsi, ce que je ne ferai qu'avec le sentiment d'un profond respect, la sagesse s'est, en quelque sorte, faite insensée. Mais pourquoi hésiterai-je à répéter ce que le Docteur des nations ri a pas craint de nous enseigner. Or voici ce qu'il croyait, ce qu'il enseignait, ce qu'il écrivait même . « Pour nous, disait-il, nous prêchons Jésus crucifié, ce qui est un scandale pour les Jdlfs, et une folie Ax yeux des gentils. Mais c'est la force même et la sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Gentils. Parce que ce qui paraît en Dieu une folie est plus sage que la sagesse de tous les hommes, et que ce qui semble en Dieu une faiblesse est plus fort que la force de tous les hommes (I Cor. I, 23 à 25). » 2. Toutefois cette force était cachée et devait se parfaire dans l'humilité, pour accomplir tous les oracles des prophètes. Ainsi un Dieu impassible a souffert sur la croix, et celui qui est le Fils immortel de Dieu est mort et a été enseveli dans notre chair mortelle. Mais le troisième jour il est ressuscité d'entre les morts, et l'Agneau de la passion est devenu le lion de la résurrection. « Le Lion de la tribu de Juda s'est levé et il a vaincu; » car il a foulé aux pieds, en ressuscitant par sa propre vertu, la mort qu'il avait soufferte par suite de notre propre faiblesse, et maintenant « qu'il est ressuscité d'entre les morts, la mort n'aura plus jamais d'empire sur lui (Rom. VI, 9). » Mais c'est en ressuscitant et en montant au ciel qu'il a ouvert le livre, attendu que c'est alors, selon la sainte Écriture, que sa divinité devint manifeste à tous les regards. Aussi est-il écrit : « Élevez-vous plus haut que les cieux, Seigneur Dieu, et votre gloire éclatera sur toute la terre (Psal. CVII, 4). » Il a aussi brisé les sept sceaux de ce livre, quand il a ouvert l'esprit des fidèles à l'intelligence des livres saints, et quand il a montré plus clair que le jour que tout ce que la Loi et les Prophètes avaient prédit de ses mystères sous le voile de l'allégorie, je veux dire tout ce qu'il a fait dans le temps par le ministère de l'homme, avait été prédit de lui et se trouvait accompli en lui.
|