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SOIXANTE-QUATORZIÈME SERMON.
«Ils se sont corrompus et sont devenus abominables dans toutes leurs affections; il n'y en a pas un qui fasse le bien, il n'y en. a pas un seul (Psal. XIII, 2 et LII,7). » L'âme a sa corruption (a) comme le corps a la sienne. Celle de l'âme est de trois sortes, et celle du corps est de quatre, car le corps se compose de quatre éléments, et l'âme de trois puissances. Celle-ci, en effet, a la puissance raisonnable, la concupiscible et l'irascible. La puissance raisonnable est en pleine santé quand l'âme connaît la vérité, elle se corrompt quand elle est atteinte par l'orgueil, mais sa corruption est de deux sortes dans la connaissance d'elle-même et dans celle de Dieu. La vaine gloire corrompt la concupiscence, et l'envie, la colère. La corruption du corps s'appelle aussi abomination, et se produit de quatre manières, selon les quatre éléments qui le composent. Il y a quatre choses qui corrompent le corps. la curiosité, la loquacité, la cruauté et la volupté. Or, on divise le corps en quatre parties, où chacun des éléments a particulièrement son siège. Ainsi, c'est dans les yeux que se trouve le feu; dans la langue qui forme la voix est l'air; la terre a sa place dans les mains dont le propre est le tact, et l'eau dans les organes de la génération. Or, ces quatre parties du corps sont corrompues par une quadruple peste; je veux dire par la curiosité qui corrompt les yeux, par la loquacité qui corrompt la langue, par la cruauté qui corrompt les mains, et par la volupté qui corrompt les organes de la génération. Voilà comment les hommes deviennent « corrompus et abominables, » corrompus dans leur âme, abominables dans leur corps; corrompus devant Dieu, abominables devant les hommes. « Il n'y en a pas qui fassent le bien, il n'y en a pas un seul. » Il y a quatre sortes de gens dont aucune, si ce n'est une, ne fait le bien. En effet, il y en a qui ne comprennent et ne cherchent point Dieu, ceux-là sont morts. Il y en a qui le comprennent, mais ne le cherchent point; ce sont les impies. Il en est d'autres qui le cherchent mais sans le comprendre, et ceux-là sont des insensés, Enfin, il s'en trouve qui comprennent Dieu et le cherchent, et ceux-là sont des saints, les seuls dont on puisse dire, ils font le bien.
a Tout ce passage se trouve reproduit dans les Fleurs de saint Bernard, livre VII, chapitre XXXVII.
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