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QUATRE-VINGTIÈME SERMON.
1. « Ah que c'est une chose bonne et agréable que les frères soient bien unis ensemble (Psal. CXXXII, 1) ! » Il y a une union naturelle, une union charnelle, une union virtuelle, une union morale, une union spirituelle, une union sociale, une union personnelle, une union principale. L'union naturelle est celle du corps et de l'âme; l'union charnelle est celle de l'homme et de la femme; c'est d'elle qu'il a été dit : « ils seront deux dans une même chair (Gen. II, 25). » L'union virtuelle est celle qui unit l'homme à lui-même, l'empêche de se répandre sur divers objets et lui fait demander une seule chose au Seigneur (Psal. XXVI, 4). L'union morale est celle qui nous unit au prochain; c'est d'elle que le Psalmiste parle en ces termes : « Il fait habiter les hommes de même sentiment ensemble (Psal. LXVII, 6). » L'union spirituelle est celle qui nous unit à Dieu; l'Apôtre en parle ainsi : « Celui qui demeure attaché à Dieu est un même esprit avec lui (I Cor. VI, 17). » L'union sociale se trouve parmi les anges qui ont tous le même vouloir et le même non-vouloir. L'union personnelle existe dans le Christ, quant à l'union principale et substantielle, elle n'existe que dans la Sainte Trinité. 2. « Comme il est bon et agréable. » Il y a des choses qui sont bonnes et agréables, et il y en a qui ne sont ni agréables ni bonnes, de même il y en a qui sont bonnes sans être agréables et d'autres. qui sont agréables sans être bonnes. Celles qui ne sont que bonnes sans être agréables, conduisent à celles qui sont bonnes et agréables tout à la fois; mais celles qui ne sont qu'agréables sans être bonnes, elles mènent aux choses qui ne sont ni agréables ni bonnes. Les choses qui sont bonnes sans être agréables ce sont : la continence, la patience, la discipline; celles qui sont agréables mais ne sont pas bonnes, c'est la volupté, la curiosité, la vanité. Quant à celles qui ne sont ni bonnes ni agréables, c'est l'envie, la tristesse, l'impatience. Les choses qui sont bonnes et agréables, c'est l'honnêteté, la charité, la pureté. Pour obtenir ce bien et cet agréable, il faut en même temps l'union morale et l'union vertueuse. Or, ce qui trouble la première, c'est la pusillanimité et la légèreté. La pusillanimité nous fait renoncer à nos bons propos, et la légèreté nous en fait changer. La seconde union se trouve troublée par l'obstination, les soupçons et la feinte. L'obstination ne veut pas recevoir le prochain, le soupçon ne croit pas au prochain, et la feinte ne s'unit point à lui. L'espérance des biens éternels chasse la pusillanimité, et une humble obéissance détruit la légèreté. Quant à l'obstination, elle disparaît devant l'humilité ; le soupçon et la feinte s'effacent devant la charité.
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