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CINQUANTE-TROISIÈME SERMON . Les noms du Sauveur.
1. « Et son nom sera l'Admirable, le Conseiller, le Dieu, le Fort, le Père du siècle à venir et le Prince de la paix (Isa. IX, 6). Il est Admirable » dans sa prédication; « Dieu » dans ses oeuvres ; « Fort » dans sa passion ; « le Père du siècle futur » dans sa résurrection; « le Prince de la paix » dans sa perpétuelle félicité. On peut aussi lui donner tous ces noms dans l'oeuvre de notre salut. En effet, « il est Admirable » dans la conversion de notre volonté, car ce changement est l'oeuvre de la droite du Très-Haut. Ensuite « il est Conseiller » dans la révélation de sa volonté, quand il fait connaître à ceux qu'il a convertis la voie qu'ils doivent suivre. C'est ce qui faisait dire à Saint Paul après sa conversion : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse (Act. IX, 7) ? » Une fois convertis, nous devons ressentir de la componction à la pensée de nos fautes passées dans la rémission desquelles il se montre « Dieu » puisqu'il n'y a que Dieu qui puisse remettre les péchés, selon la remarque des Juifs qui disaient à notre Sauveur quand, étant encore sur la terre, il remettait les péchés à quelqu'un, qu'il prononçait un blasphème, parce qu'il s'attribuait un pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu. En quatrième lieu, il est « Fort, » puisque, selon la remarque de l'Apôtre, il faut que « tous ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ souffrent la persécution (II Tim. III, 12).» 2. Qui pourrait en supporter les atteintes sans son aide ? Aussi David dit-il « si Dieu ne m'eût assisté, il ne s'en serait pas fallu de beaucoup que mon âme ne tombât dans lenfer (Psal. XCIII,17). » Lorsqu'il nous protège dans la tribulation quand il écarte et éloigne de nous les puissances des airs, quel nom lui donner, si ce n'est celui de Fort? Aussi est-il dit, «le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant dans les combats (Psal. XXIII, 8). » Mais comme notre conversion et notre vie doivent se passer en Jésus-Christ, non en vue des choses temporelles, mais dans l'espérance des biens futurs, on lui donne, en cinquième lieu, le nom de « Père du siècle à venir, » Père dans la régénération de nos corps. Et enfin puisque « si nous devons ressusciter tous, néanmoins nous ne serons point tous changés (I Cor. XV, 51), » pour discerner le changement des justes de la résurrection des pécheurs, il est appelé, en sixième lieu, « le prince Prince de la paix.» Une fois qu'on a la paix, toute perfection est accomplie, et il ne reste plus rien à désirer. C'est dans la paix, en effet, que le Psalmiste se réjouit et s'écrie au milieu de ses chants : « Jérusalem loue le Seigneur, loue ton Dieu, ô Sion, parce qu'il a fortifié les serrures de tes portes, et qu'il a béni les enfants que tu renfermes dans ton enceinte. Il a établi la paix jusques aux confins de tes États (Psal. CXLVII, 1). » L'Ange, en s'adressant à Joseph, renferme avec autant d'élégance que de brièveté, tous ces noms dans un seul « vous l'appellerez Jésus (Matt. I, 21), » dit-il, et il donne le sens de ce dernier nom en ajoutant «car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (Ibidem). »
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