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CINQUANTE-SIXIEME SERMON . Il faut emplir les six urnes d'un triple amour.

 

1. « Ces urnes contenaient chacune deux ou trois mesures (Joan. II, 6). » Il faut savoir avant tout que ces urnes sont tantôt pleines et tantôt vides; tantôt pleines de venin, quelquefois pleines d'eau, et parfois aussi pleines de vin, elles sont vides et vaines quand on ne les a que pour servir de vain ornement, ou pour quelque usage temporel. Elles sont pleines de venin quand on les porte avec murmure et avec aigreur. On dit qu'elles sont pleines d'eau quand on les pratique avec la crainte de Dieu. Puisque par l'eau on entend la crainte de Dieu. Ainsi on lit dans Salomon : « La crainte du Seigneur est une source de vie (Prov. XIV, 27). » Elles sont pleines de vin quand la crainte se change en amour, car l'amour chasse la crainte, attendu que ce qu'on faisait sous l'empire de- la crainte du châtiment se fait alors avec plaisir et amour de la justice. Le Seigneur ne veut pas qu'elles soient vides ou vaines, il donne l'ordre de les faire remplir d'eau, mais c'est pour qu'elle se change en vin qu'il les fait remplir d'eau. Mais à qui le Seigneur ordonne-t-il de les remplir d'eau? C'est aux serviteurs, c'est-à-dire à ceux qu'il a établis sur toute sa maison pour distribuer, en son temps, à tout le, monde une mesure de froment ; mais auparavant Marie a préparé leur esprit en disant : « Faites ce qu'il vous dira (Joan. II, 5). » Ce trait nous apprend que nous ne devons point nous ingérer dans l'office de prédicateur, si nous n'y sommes préparés d'abord par Marie, c'est-à-dire par la grâce qui est la mère de la prédication, autrement nous entendrions dire de nous : « Ils ont régné par eux-mêmes, non point par moi; ils ont été princes, et je ne l'ai point su (Osee. VII, 4). » Ce sont donc les serviteurs qui emplissent d'eau les urnes; ils disent dans leurs prédications des choses merveilleuses de la douceur du royaume de Dieu, et font retentir des paroles terribles, eu parlant de l'horreur des supplices éternels; ceux qui les entendent parler conçoivent une double crainte, l'une d'être privés de la douceur du royaume de Dieu, l'autre d'être exposé aux supplices éternels. Voilà comment les urnes contiennent deux mesures ? Mais que faut-il entendre par ces mots, ou trois mesures? Le voici, ajoutez une troisième crainte aux deux premières, et vous aurez trois mesures. Les deux premières craintes ont rapport à l'avenir, elles sont très utiles; mais il y a une troisième qui a rapport au présent, elle est bien préférable, c'est celle qui nous fait craindre et appréhender constamment que la grâce intérieure nous abandonne. Ainsi quiconque est rempli de cette crainte, a évidemment ajouté une troisième mesure aux deux premières.

2. Or, il faut remarquer que ce n'est que lorsque les urnes furent remplies d'eau jusqu'au haut, que l'eau fut changée en vin; la raison demande, en effet, que si la crainte est le principe de la sagesse, la plénitude de la dilection suive la perfection de la crainte. Aussi le maître d'hôtel dit-il à l'époux : «Tout homme commence par servir le bon vin, et quand on a bien bu il sert en de moindre qualité; pour vous, vous avez réservé le bon vin jusqu'à cette heure (Joan. II, 10). » Les gens du monde, quand ils désirent s'élever aux honneurs, commencent par mettre les autres hommes dans leurs intérêts par l'amour. Mais à peine ont-il atteint leur but que, enflés par le pouvoir, ils font plier devant eux, par la crainte, ceux-là mêmes à qui ils témoignaient de l'amour quand ils n'étaient que de simples particuliers, bien loin de chercher à leur inspirer de la crainte. Ces gens-là commencent par servir le bon vin, je veux dire par témoigner de l'amour; et quand on est enivré de leur amour, alors ils servent quelque chose de moins bon, c'est-à-dire la crainte. Notre Époux fait tout le contraire.  Il réserve toujours pour la fin, le bon vin, et il nous verse d'abord ce qui, au prix de son bon vin, est un vin de qualité inférieure, en nous disant : « Mon fils, quand vous vous présentez pour servir Dieu, tenez vous dans la crainte (Eccl. II, 1). » Si la crainte a fait de vous son serviteur, la charité lui fera de vous un ami, voilà comment l'eau se trouvera changée en vin. C'est pour cela que vous vous purifiez dans les six urnes de la crainte, et pour cela aussi que vous vous approchez de lui dans,la crainte, comme un serviteur de son maître, afin de passer de l'état de serviteur à la condition de fils.

 

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