SERMON XCVII
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QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME SERMON. Douceur de la parole et du joug du Christ, qui est dur au dehors, mais très-doux au dedans.

 

1. « Le lait et le miel sont sous la langue (Cant. IV, 11). » Il faut qu’il en soit ainsi; car ce qui est dans sa langue sonne durement à nos oreilles. «Les paroles du sage sont comme des aiguillons et comme des clous enfoncés profondément (Eccle. XII, 11).» Il y en a un dont les paroles sont plus douces que l'huile (Psal. LXV, 22), mais jamais l'huile du pécheur ne coulera sur ma tête (Psal. CXL, 15). Mieux vaut que le juste me reprenne et me gourmande, car s'il le fait c'est dans un sentiment de miséricorde, plutôt que cette huile oigne .ma tête, car c'est une huile pleine de dol. C'est encore bien à propos que les paroles de celui qui nous flatte pour nous entraîner, ou qui ne nous conseille que l'iniquité, sont dites plus douces que le miel au lieu de molles, attendu qu'elles ont une douceur moins vraie et moins solide que fardée et déguisée, puisque ses paroles sont des traits aigus (Psal. LIV, 22). Et après cela qu'y a-t-il sous sa langue? Écoutez la parole du Prophète : «Letravail et la douleur (Psal. ix, 7), » vous dit-il. Or; selon le même Prophète, ce qu'il y a sous la langue de celui qui simule le travail et la peine, dans ses commandements (Psal. XCIII, 20), c'est du lait et du miel. Vous vous étonnez que la vérité connaisse la feinte? S'il est permis dé s'en étonner, il ne saurait l'être d'en douter, en voulez-vous une preuve? Lisez l'Évangile : « Il feignit d'aller plus loin (Luc. XXIV, 28). « Et pourquoi ne feindrait-il point aux yeux de celui qu'il a fait? Ne tonnait-il pas ce dont nous sommes formés? Il sait que notre limon ne peut supporter le travail, ne souffre point de retard et se brise au choc de l'un et de l'autre. C'est donc par un effet de sa bonté qu'il a pourvu à ce que la piété eût les promesses de la vie présente et de la vie future, et au lieu de nous imposer un travail, l'a simulé dans ses commandements. Mais écoutez comment il se trahit et montre qu'il simule la peine et le travail: «Prenez mon joug sur vous et vous trouverez le repos pour vos âmes; car mon joug est doux et mon fardeau léger (Matt. XI, 29). » N’est-ce point un travail simulé, qu'un travail qui n'est pas un travail, mais un repos ?

2. Ainsi voilà donc le travail dans la langue et le miel dessous. Qu'y a-t-il dessus? Des choses ineffables qu'il n'est pas donné à l'homme d'articuler (II Cor. XII, 4). Malheureux hommes qui, ne faisant attention qu'à ce qui sonne dans les langues, ne peuvent saisir ni ce qui est caché sous la langue, ni ce qui se trouve dessus. « Cette parole est dure (Joan. VI, 64), » disent-ils; oui, bien dure, et pourtant c'est une parole de vie. « Celui qui ne prend point sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi (Matt. X, 38). Si quelqu'un vient à moi et ne hait pas son Père et sa mère, et même encore son âme, il n'est pas digne de lui (Luc., XIV, 26). » Que se pouvait-il dire de plus dur? Ne vous y trompez pas ; il vous semble que c'est un caillou, c'est du pain ; cette parole est dure en apparence, elle est pleine de douceur au dedans. Le Seigneur votre Dieu vous éprouve : l'exercice de la foi et la preuve de l'amour est dans cette peine simulée Mais, après tout, supposons que ce soit une pierre, n'avez-vous pas au moins la foi des démons ? « Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains (Matt. IV, 3). », Nous savons tous qui parlait ainsi. Il ne doutait pas celui-là que d'un seul mot, (or, il n'est rien de plus facile que ce qu'on fait d'un mot), celui qu'il croyait être le Fils de Dieu, pouvait faire nie pain d'une pierre. Il est permis d'aller à l'école, même d'un ennemi. Disons aussi au Fils de Dieu : dites que ces pierres deviennent des pains; car celui qui était venu pour le salut non des démons, mais des hommes, réfuta ses ennemis de manière à instruire ses enfants. Il ne dit pas le mot que le tentateur voulait entendre de sa bouche, mais celui qu'il nous importait d'entendre, un mot qui fit de lui qui est notre pierre, notre pain, non point le pain du tentateur. » L'homme, repartit-il, ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Ibid. 4). »

3. Mais que murmures-tu en entendant ces paroles, ô ennemi de la vérité ? Tu en conviens toi-même et tu ne peux le nier, le Fils de Dieu, peut dire que ces pierres deviennent des pains. Eh bien donc, quand il parle de la parole de Dieu et dit sans restriction qu'on ne vit que de ses paroles et que toute la vie de mon âme se trouve en de telles paroles, que viens-tu murmurer à mon oreille à propos d'une de ses paroles : « Ce langage est bien dur ? » Est-ce que toi qui n'es point le Fils de Dieu, tu prétendrais que les paroles que le Fils de Dieu a dites, et qui sont devenues un aliment de vie, ne sont que des pierres ? Ce n'est pas moi qui croirai, comme tu as eu la téméraire audace de le croire toi-même, que tu sois égal à Dieu et qu'un mot de toi fasse que du pain redevienne une pierre. Puisque tu n'es pas le Fils de Dieu, c'est en vain que tu diras que ces pains deviennent des pierres. Ce n'est pas moins en vain que tu nous offres ta pierre pour du pain, un scorpion pour un neuf, un serpent pour un poisson. Et malheur à ceux qui appellent une pierre du pain et du pain une pierre, prenant ainsi la lumière pour les ténèbres et les ténèbres pour la lumière (Isa., V, 20) ; qui réputent le joug du Christ dur, et croient qu'il y a des délices cachées sous les ronces. Je ne voudrais point de ces délices, j'aime bien mieux goûter et voir combien le seigneur est doux (Psal. XXXIII, 8). C'est ce qu'avait eu soin d'éprouver par lui-même non en vain celui qui nous donne ce conseil. Il nous dit enfin: « Que vos paroles me sont douces à la bouche (Psal. CXVIII, 103) ! » et ailleurs : « combien est grande, Seigneur, l'abondance de votre douceur que vous avez cachée pour ceux qui vous craignent (Psal. XXX, 23) ! » Mais où pensez-vous qu'il la cache ? sous sa langue, sous la tête de celle qui dit : « Sa main gauche est sous ma tête et sa main droite me tiendra embrassée (Cant. II, 6). » Car si la douceur et une douceur abondante, oui grande, très-grande même se trouve dans la promesse de la vie présente, la perfection de cette douceur n'est que dans la promesse de la vie future. Le Psalmiste a dit « vous l'avez rendue pleine et entière pour ceux qui espèrent en vous, à la vue des enfants des hommes (Psal. XXX, 20). » Qu'a-t-il ainsi rendu parfait ? Cette parole n'est point dans la langue, mais sur la langue. Aussi si l'oreille n'entend point ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment, c'est parce que la bouche ne l'a point articulé. Or cette perfection n'est pas dans le secret, c'est en présence des enfants des hommes. C'est donc avec justesse que l'Apôtre ne la montre pas encore comme atteinte, et ne la répute telle que pour ceux qui ont l'espérance, comme il le dit en ces termes: « Nous ne sommes encore sauvés que par l'espérance (Rom. VIII, 24). »

 

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