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CENT-CINQUIEME SERMON. Conditions requises pour la justification et le salut.
1. Il y a deux choses en quoi consiste notre salut, ce sont la justification et la glorification, l'une en est le commencement, et l'autre, la consommation. Dans l'une est le travail et dans l'autre le fruit du travail. Quant à la justification, elle est le fruit de la foi, la glorification le sera de la vue en face. Mais en attendant il est impossible à l'esprit humain de se faire une idée de la grandeur de la glorification des saints dans la vie future. C'est d'elle, en effet, qu'il est écrit : « ni loeil n'a vu, ni l'oreille n'a entendu, etc. (Isa. LXIV, 4). » Nous n'en parlerons donc point ici, puisqu'elle dépasse nos forces; quant à la justification qui est de cette vie, j'en dirai ce qui me semble nécessaire, pour l'édification de nos frères; car c'est la voie par laquelle on passe à la glorification, selon ce mot de l'Apôtre : « Ceux qu'il a prédestinés il les a aussi appelés, et ceux qu'il a appelés, il les a justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés (Rom. VIII, 30). » Ou ne saurait donc arriver à la glorification si on ne commence par la justification, puisque l'une fait le mérite et l'autre la récompense. C'est ce que le Seigneur nous a enseigné dans son Évangile, lorsque en prêchant le royaume de Dieu à ses disciples, il commença parleur parler de la justice en ces termes: « Si votre justice n'est pas plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux (Matt. V, 20). » 2. Or, il faut noter que, de même que le Seigneur se manifestera à ses élus dans le royaume de la félicité, pour les glorifier, ainsi il se montre à eux dans le lieu de leur passage pour les justifier, en sorte que ceux qui doivent un jour être glorifiés en le voyant en face, commencent à être justifiés par lui au moyen de la foi. Or, il y a trois choses dont doit s'abstenir quiconque désire être justifié : c'est d'abord des oeuvres mauvaises, en second lieu des désirs de la chair, et, en troisième lieu, des soins du siècle. De même il y a trois choses à quoi ils doivent s'appliquer, elles sont enfermées dans le sermon du Seigneur sur la montagne (Matt. V, 1), ce sont l'aumône, le jeûne et la prière. Ainsi la justification s'accomplit donc de cette manière, en s'abstenant des vices qui sont défendus, et en faisant fidèlement le bien qui est prescrit. Il faut donc opposer aux uvres mauvaises, les oeuvres de miséricorde, aux désirs charnels, les jeûnes, et aux soucis du siècle présent, l'amour de Dieu et la prière fréquente.
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