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CENTIÈME SERMON. Différence entre le peuple et un prélat.
Il doit y avoir la même distance entre un évêque et son peuple, qu'entre un pasteur et son troupeau. L'un se tient haut et debout, l'autre courbe la tête et se penche vers la terre. C'est comme dit un poète : « Tandis que les autres êtres animés sont penchés et ne regardent que la terre, l'homme a reçu du ciel un front levé (Ovid. metamorph. I).» L'un régit et l'autre est régi; l'un paît et l'autre en fait paître; en sorte qu'on peut distinguer l'un de l'autre à la forme et à la manière d'être. L'un tient à la main une verge pour frapper, ou plutôt pour conduire et ramener la brebis. Mais, que signifie la verge que le pasteur tient à la main, sinon qu'il faut une discipline dans l'action, et qu'un supérieur doit instruire ses inférieurs moins de la voix que de l'exemple. Des disciples rougiraient, en effet, d'être orgueilleux si leurs maîtres leur donnaient l'exemple de l'humilité. Aussi est-il écrit du Seigneur : « Tout ce que Jésus a enseigné il a commencé par le faire (Act. I, 4).» Il tient aussi un bâton, mais c'est pour frapper le loup; ainsi, sa verge est pour la brebis et le bâton pour le loup. Ce qui veut dire qu'il faut reprendre avec plus de douceur les doux et les obéissants, et plus durement ceux qui ont le coeur dur et qui sont méchants, et même, s'il en est besoin, on doit les frapper d'anathème. Le pasteur tient un chien en laisse, c'est-à-dire, il retient son zèle dans les bornes de la discrétion, pour n'être point du nombre de ceux dont il est écrit: « Ils ont du zèle pour Dieu, mais c'est un zèle qui n'est pas selon la science (Rom. X, 2). «Enfin, tout bon pasteur a du pain dans sac besace, c'est-à-dire, il a la parole de Dieu dans la mémoire.
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