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SOIXANTE-QUATRIÈME SERMON . La vie et la mort des saints sont précieuses.
1. « C'est une chose précieuse aux yeux du Seigneur que la mort de ses saints (Psal. CXV, 5). » Ce qui rend la mort des saints précieuse aux yeux de Dieu, c'est tantôt leur vie, tantôt la cause même de cette mort, et tantôt enfin l'une et l'autre en même temps. Chez les confesseurs (a) qui meurent dans le Seigneur, ce qui rend leur mort précieuse, c'est leur vie. Dans les martyrs qui meurent pour le Seigneur, ce qui donne du prix à leur mort, c'est tantôt uniquement la cause de cette mort, et tantôt simultanément cette même cause et leur Vie. La vie des uns rend leur mort précieuse, la cause de la mort des autres la rend plus précieuse, et la réunion de la cause de la mort à ce mérite de leur vie rend la mort des troisièmes infiniment précieuse. 2. Or, il y a trois choses qui rendent sainte la vie d'un homme c'est la sobriété dans le genre de vie, la justice dans les actes, et la piété dans les sentiments. Or, la sobriété dans le genre de vie consiste à vivre avec continence, en bonne intelligence avec nos frères, avec obéissance, avec chasteté, avec charité et avec humilité. Or, par la continence, c'est la chasteté qu'on acquiert; par la bonne intelligence, c'est la charité, et par l'obéissance c'est l'humilité. Or, telle est la vertu qui rend l'âme parfaitement soumise à Dieu, et la fait vivre en sécurité à l'ombre de ses ailes. La justice dans les actes consiste à être droit, discret et fructueux. Droit par la bonté d'intention, discret en se maintenant dans la mesure de la possibilité, et fructueux en procurant le bien du prochain. Les sentiments seront pieux si notre foi tient Dieu pour souverainement puissant, souverainement sage et souverainement bon, si nous croyons que sa puissance soutient notre faiblesse, que sa sagesse corrige notre ignorance, que sa bonté efface notre iniquité. Il y a trois choses qui rendent la mort des saints précieuse : c'est le repos après le travail, la joie produite par la nouveauté et la sécurité naissant de l'éternité.
a Ce passage est reproduit dans les Fleurs de saint Bernard, livre VIII, chapitre LXXXIV ; on en trouve d'autres tirés du même sermon, n. 2, dans le même livre, chapitre LXXVII.
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