|
|
SOIXANTE-SEIZIÈME SERMON.
«Vous l'avez prévenu de bénédictions et de douceurs (Psal. XX, 3). » Il nous faut trois bénédictions, une bénédiction prévenante, une adjuvante et une consommante. La première est une bénédiction de miséricorde ; la seconde une bénédiction de gràce, et la troisième une bénédiction de gloire. La miséricorde prévient notre conversion, la grâce l'aide, et la gloire en fait la consommation. Si Dieu ne donne point cette bénédiction, notre terre ne peut donner un fruit de salut, car nous ne saurions ni commencer le bien tant que nous ne sommes point prévenus par la grâce, ni le faire, si nous ne sommes aidés de la grâce, ni être consommés dans le bien aussi longtemps que nous ne sommes pas remplis par la grâce. Mais, de ces trois grâces, ce n'est pas sans raison que nous trouvons plus douce celle qui nous prévient, non-seulement sans aucun mérite de notre part, mais malgré tant de démérites, et qui fait que tandis que nous sommes enfants de colère et artisans d'oeuvres de mort, Dieu a sur nous des pensées de paix, alors surtout quand au lieu de lui demander qu'il ait de ces pensées sur nous, nous l'en détournons par nos attaques; au lieu de l'invoquer, nous le provoquons; au lieu d'appeler, nous repoussons l'esprit bon, l'esprit de vie, l'esprit d'adoption. Quelle douceur peut trouver ailleurs une âme qui n'en trouve point dans une telle miséricorde? C'est donc avec raison que la bénédiction qui prévient est appelée une bénédiction de douceur, attendu que celle qui aide est une bénédiction de force, et celle qui consomme une bénédiction de plénitude.
|