SERMON LV
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CINQUANTE-CINQUIÈME SERMON . Les six urnes spirituelles.

 

1. « Il y avait là six urnes de pierres pour servir aux purifications en usage chez les Juifs (Joan. II, 6). » Voyons dans les six urnes placées là six observances proposées par Dieu à ses serviteurs, lesquelles doivent leur servir à se purifier, comme les urnes aux Juifs. Ce sont le silence (a), la psalmodie, les veilles, le jeûne, le travail manuel et la pureté de la chair. Dans l'urne du silence, nous nous purifions des péchés que la loquacité nous fait commettre. Or, il y a huit sortes de loquacité. En effet, s'il y a des paroles sottes, vaines, mensongères, et oiseuses, il y en a aussi de fourbes, de médisantes, d'impudiques et d'excusatoires. Or, toute cette peste naît de la loquacité, et il n'y a que le silence pour la faire périr dans sa racine, ou du moins pour l’empêcher de faire trop de ravages. Nous trouvons dans la psalmodie

 

a On retrouve la même partie exprimée dans les mêmes termes dans le deuxième sermon pour l'octave de l'Epiphanie numéro 9. L'ordre seul en a été un peu changé.

 

une double confession : en effet, en psalmodiant, le pécheur sent naître la componction au souvenir de ses péchés, en même temps il chante les louanges de Dieu à cause de ses justes jugements. Aussi est-ce dans cette urne tout Juif, si sa confession est droite, se purifie de l'esprit immonde du blasphème auquel il était sujet avant sa conversion. Quand il se louait lui-même et qu'il accusait Dieu, qu'était-il autre chose qu'un blasphémateur? Ne sont-ce point des blasphémateurs que creux qui disent : « La voie du Seigneur n'est pas juste ( Ezech. XVIII, 25) ? » N'est-ce point un sot blasphémateur que celui qui- s'écriait : « Il n'y a point de Dieu (Psal. LII, 1) ? » Mais une fois Converti, une fois qu'il a confessé les louanges de Dieu, et qu'il a été instruit par les divins cantiques, il a corrigé sa vie et ses discours; il s'est accusé lui-même et il a accepté ses péchés, et, en même temps qu'il loue Dieu, il attribue, non à lui-même, mais au Seigneur le bien qu'il trouve en lui. Tout cela se fait dans la psalmodie; or, par psalmodie, il faut entendre tout ce qui se chante en l'honneur de Dieu avec mélodie de cœur, que ce soient des psaumes, des hymnes ou tout autre cantique.

2. La troisième urne, d'après ce que j'ai dit plus haut, est l'urne des veilles. Elles doivent toujours être accompagnées de la persévérance dans la prière. Ainsi, nous voyons dans l’Évangile que le Seigneur passait des nuits en prières, (Luc. VI, 12) et dans les exhortations qu'il fait entendre à ses disciples, il ne sépare point la prière de la vigilance : « Veillez et priez, dit-il, pour que vous n'entriez point en tentation (Marc. XIV, 38 et Luc. XXII, 46). » Ces veilles nous purifient de nos souillures que nous contractons dans le relâchement de la somnolence, alors que, dans une sorte d'oubli, nous nous ralentissons et nous nous engourdissons dans les voies du salut. La quatrième urne est le jeûne . il ne viendra, je crois, à la pensée de personne de douter que le jeûne aussi nous purifie. C'est une vérité reconnue, que les contraires se guérissent par les contraires. Si donc nous avons péché par excès de boire et de manger, qu'avons-nous de mieux à faire que de nous purifier par l'abstinence? D'ailleurs le jeûne ne nous purifie pas seulement de ce péché, il nous donne encore la force de chasser le démon, selon ce que dit le Seigneur même : « Cette sorte de démons ne peut-être chassée que par la prière et le jeûne (Marc. IX, 28). »

3. Vient ensuite la cinquième urne qui est le travail manuel. Il n'est pas difficile de trouver comment cette urne sert aux purifications; car, pour ne point parler de tout lé reste, qui pourra estimer à sa juste valeur le prix et la grâce du travail manuel qui nous permet de passer notre vie, avec le produit de nos mains et sans porter envie aux biens de qui que ce soit ? Si on était tenté de voir dans mes paroles, non le langage de la vérité, mais une pure déclamation, il faudrait prêter l'oreille aux discours de notre maître dans la foi et la vérité, de l'apôtre saint. Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens, où il leur enseigne et prescrit le travail. « Nous vous supplions, dit-il, et nous vous conjurons en Notre Seigneur Jésus-Christ, de vous étudier à vivre en paix, et de vous appliquer chacun à ce que vous avez à faire, de travailler de vos propres mains comme nous vous l'avons ordonné, et de vous conduire honnêtement envers ceux qui sont hors de l’Eglise, et de ne rien désirer de ce qui est aux autres ( I Thess. IV,  1, 10 à 13). » Écoutez maintenant aussi comment il pratiquait lui-même ce qu'il enseignait aux autres : « Vous savez vous-mêmes ce qu'il faut faire pour nous imiter; or, il n'y a rien eu de turbulent dans la manière dont nous avons vécu chez vous ; nous n'avons point non plus mangé votre pain sans le payer, car nous avons travaillé jour et nuit avec peine et fatigue peur n'être à charge à aucun de vous (II Thess. III, 7). » Écoutez-le aussi enseigner ce qu'il faisait: «quand nous étions avec vous, nous vous déclarions que celui qui ne veut pas travailler, ne doit point manger (Ibidem. 10). » Vous voyez avec quelles instances le Docteur des nations recommande le travail manuel. Pourquoi l'eut-il tant à coeur, si ce n'est parce que ce bon et diligent pasteur vit que le travail manuel intéressait beaucoup le salut de ses brebis?

4. Reste la dernière urne qui est la pureté de la chair. Or, cette urne nous purifie de cinq souillures corporelles, qui nous viennent par la vue, par l'ouïe, par le goût, par l'odorat et par le toucher. On peut se purifier aux cinq autres urnes, je veux dire à l'urne du silence et à celle de la psalmodie, à l'urne des veilles, à celle du jeûne, et enfin à l'urne du travail manuel, sans se purifier à la sixième. Riais si nos flancs ne sont pas ceints, c'est-à-dire si la pureté de la chair nous fait défaut, à quoi nous servira-t-il d'avoir nos lampes allumées? Aussi, faut-il conclure de là qu'il est nécessaire de nous purifier dans cette sixième urne qui, ajoutée aux cinq autres, a le pouvoir d'assurer le salut. Il faut noter encore que, dans toutes ces observances, nous devons les quatre premières à nous, la cinquième au prochain et la sixième à Dieu. En effet, c'est pour nous, pour notre propre discipline, que nous devons observer le silence, pratiquer la psalmodie, les veilles et le jeûne, c'est pour le prochain que nous devons nous exercer au travail manuel, afin de n'être à charge à personne, et de nous procurer même de quoi subvenir aux besoins des pauvres, et c'est pour Dieu que nous cultivons la pureté du corps, c'est afin de lui plaire et de faire sa volonté. Aussi, est-il écrit : « La volonté de Dieu est que vous soyez saints, que vous vous absteniez de la fornication, que chacun de vous sache posséder le vase de son corps dans la sainteté et dans l'honnêteté (Thess. IV, 3). » Que si ces urnes sont de pierre, cela veut dire que ce qu'elles représentent ne peut se pratiquer sans quelque difficulté, et que la voie qui conduit à la vie est dure et pénible. Peut-être encore est-il dit qu'elles sont de pierre, pour signifier la force, car il n'est pas facile de les briser, ni de répandre la liqueur qu'elles contiennent, ce qui arriverait bien vite si elles étaient d'argile, de bois ou de toute autre matière fragile. Enfin, peut-être par cette pierre dont elles sont faites, veut-on dire qu'elles sont chrétiennes, c'est-à-dire faites avec la pierre qui est le Christ, pour qu'elles soient établies dans la foi du Christ.

 

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