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SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME SERMON.
« Mon coeur est prêt, ô mon Dieu, mon coeur est prêt (Psal. LVI, 1).» Mes frères, la voie royale ne se détourne ni à droite ni à gauche. Or, s'il est facile de trouver un homme qui soit préparé une fois, il ne l'est pas autant d'en trouver un qui le soit deux fois. Si Dieu lui dit : «Chassez l'esclave et son fils (Genes. XXI,10), »je veux parler des oeuvres de la chair, il n'hésite pas; mais s'il lui dit : « Immole-moi ton fils que tu aimes, ton fils Isaac, » il ne peut entendre ces mots avec assez de patience pour paraître, par la grâce de l'utilité et de l'unité, supporter la perte de l'objet de ses affections. Pourquoi donc le serviteur de Jésus-Christ ne rejetterait-il point tout ce qui a rapport au plaisir de la chair? Mais se voir privé avec égalité d'âme de ses joies spirituelles quand l'obéissance l'exige, ou lorsque un motif de charité fraternelle le demande, voilà qui est offrir à Dieu un holocauste vraiment grand et d'agréable odeur. Toutefois n'oubliez pas que, dans ce sacrifice, c'est moins Isaac que le bélier de la révolte qu'on immole.
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