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SOIXANTE-DEUXIÈME SERMON . Véritables et différentes manières de suivre le Christ.
« Que celui qui se met à mon service me suive. » Il y en a qui, au lieu de suivre le Christ le fuient; il y en a d'autres qui ne le suivent point, mais le devancent : plusieurs marchent à sa suite sans pouvoir l'atteindre, et enfin on en voit qui le suivent et l'atteignent. Ceux qui fuient Jésus-Christ au lieu de le suivre sont ceux qui ne cessent point de pécher, c'est d'eux qu'il est écrit : « Quiconque fait le mal hait la lumière (Joan. XII, 26), » et qu'un Prophète a dit : « Ceux qui s'éloignent de vous, Seigneur, périront (Psal. LXXII, 27). » Quant à ceux qui ne le suivent pas, mais le précèdent, ce sont ceux qui préfèrent leurs sentiments à ceux des maîtres. Tel était Pierre, quand il blâmait le Sauveur qui voulait souffrir pour notre salut, et lui disait : « Ah Seigneur, à Dieu ne plaise, cela ne vous arrivera pas (Matt. XVI, 23) » On suit le Seigneur sans l'atteindre quand on agit avec nonchalence et relâchement, ou quand, fatigué de le suivre, on retourne à moitié chemin. A ceux-là l'Apôtre dit : « Relevez donc vos mains languissantes, et fortifiez vos genoux affaiblis, conduisez vos pas dans des voies droites, afin que, s'il y en a parmi vous qui soient chancelants, ils ne s'écartent pas du chemin, mais plutôt qu'ils se redressent (Hebr. XII, 12.) » Enfin, on le suit et on l'atteint quand on s'engage de tout son coeur et avec persévérance dans la voie de (humilité, car c'est alors qu'on marche véritablement à la suite du Seigneur. « Que celui qui se met à mon service, me suive, » c'est-à-dire m'imite. Mais quel fruit en recueillera-t-il ? Le Seigneur répond : « Mon serviteur sera aussi là où je suis (Joan. XII, 26). » Le fruit de l'imitation de Jésus-Christ est donc la félicité éternelle.
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